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La Semaine de l'été

"Souvent, on part randonneur, et on arrive pèlerin" nous dit Monique, qui pèlerine cette année avec son mari Jean-Pierre sur les chemins de Saint-Jacques, comme les Bernard, les Monique, les Jacqueline, les Sylvie, les Jean-Paul, les Jean-Luc et les Jean-Louis que nous avons rencontrés.
Jean-Luc Péribois

En ,l'an 44, Jacques le Majeur, le fidèle disciple de Jésus, fut décapité en Palestine. Son corps fut jeté dans une barque. Sa dépouille dériva sur la mer Méditerranée, passa le détroit de Gibraltar, navigua sur l'océan Atlantique pour finalement échouer sur les côtes de Galice. En l'an 813, un saint ermite nommé Pelayo découvrit la sépulture, en suivant les indications d'une étoile. L'endroit fut baptisé Compostelle : le ""champ de l'étoile".
Pour les fidèles du Moyen Age, se rendre à Compostelle valait un pèlerinage à Rome ou à Jérusalem. À cette différence près: tous les chemins ne menaient pas à Compostelle! Les pèlerins qui traversaient le Quercy suivaient la ""via podiensis", entre Conques et Moissac. Plus de mille ans plus tard, le GR 65 a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. L'itinéraire a toujours ses fidèles, mais la sur-médiatisation est aussi passée par là.

Marguerite

Combien sont-ils, chaque année, à emprunter le GR 65 ? Trois mille, cinq mille marcheurs? Combien vont jusqu'en Espagne? Combien font la route par petits tronçons, comme Marguerite, cette Parisienne qui descend du train, le samedi matin à la gare de Cahors pour monter à pied à Lacapelle et se reposer à Lascabanes, et rentrer par les mêmes moyens le dimanche soir...

Pendant les ponts du mois de mai, Bernard Serre, le sympathique aubergiste du point étape de Pech Olié, près de Varaire, voit passer près de deux cents marcheurs par jour. Il en accueille depuis 1991. "On trouve toutes sortes de pèlerins, dit-il. Avant, leur démarche était spirituelle au sens large. Maintenant, avec la sur-médiatisation, le pèlerinage est devenu touristique. L'éventail social est large, il va du simple chauffeur routier au directeur d'usine qui fait établir ses itinéraires par sa secrétaire..."

La foi des marcheurs

Pour aller de Varaire à Cahors, il faut marcher environ dix heures, en passant par Vaylats et Laburgade. À raison de 15 à 45 kilomètres par jour, les groupes se font ou se défont au gré des étapes. Ceux qui voyagent en famille ont tendance à se refermer sur eux-mêmes.
"Cette année, nous avons eu très peu d'étrangers", a constaté Bernard Serre. Les gens réservent leurs étapes en gîte de plus en plus à l'avance, quitte à changer d'avis au dernier moment.
Parfois, la foi des marcheurs est plus trapue, comme ce groupe de vingt -cinq personnes qui marchaient en compagnie d'un prêtre. "On a eu deux fois la messe dans la cour. Avant de partir, ils m'ont chanté des cantiques, debout, sous la pluie battante".
La pluie du matin n'arrête pas le pèlerin et les pèlerins se lèvent très tôt, pour partir à la fraîche. "Prier Dieu, est-ce que ce n'est pas une preuve de l' orgueil humain", demandait même l'un deux, à

sept heures du matin, à son hôte mal réveillé qui beurrait les tartines. Des histoires comme ça, il en circule des centaines, sur la route.

Coquillages

Nous avons aussi rencontré simone, qui fait voyager ses bagages de gare en gare. Elle peste contre les gîtes qui, affichant complet, la forcent à grever son budget à l'hôtel et à prendre le train pour l'Espagne. Jacques, retraité, aime marcher dans la campagne parce qu'il a horreur de la ville, même si, au bord des routes, les marchands du temple vendent des coquilles Saint-Jacques et des chaussures de marche
Monique et Jean-Pierre sont croyants et pratiquants. L'an dernier, ils ont couvert 790 kilomètres en 32 jours. Cette année, ils sont partis pour cinq semaines. Pour se diriger, ils font confiance à la revue ""Miammiam, Dodo", un guide du routard façon Saint-Jacques. ""Croyants, ou non croyants, on part randonneur et on arrive pèlerin", a compris Monique.
En dépit de l'inévitable folklore, les pèlerins reconnaissent que les sentiers, empruntés avant eux par des centaines de générations de marcheurs, conduisent surtout à la découverte de soi-même.

Commentaires du WebmestreRETOUR
Très bon encart de la semaine du Lot sur le GR 65 et sa destination : St Jacques de Compostelle
La Semaine du Lot du 27 juin au 3 juillet 2002